Le projet H2020 PHUSICOS conçoit et met en œuvre des solutions fondées sur la nature (SfN) pour la réduction du risque de catastrophes dans quatre sites de démonstration répartis dans les Pyrénées françaises et espagnoles.
Pendant la semaine du 10 au 14 octobre 2022, l'Observatoire Pyrénéen du Changement Climatique (OPCC) de la Communauté de Travail des Pyrénées (CTP) a organisé une visite à chacun de ces sites avec le responsable de projet, l'Institut Géotechnique Norvégien (NGI). Anders Solheim et Hervé Vicari représentaient NGI. En plus de la CTP et NGI, la visite a impliqué plusieurs participants de diverses organisations : Laurent Lespine du service RTM des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques (ONF), Santiago Fábregas du GECT Pirineos-Pyrénées, Carles Raïmat de Geo-Hazard Advisor ainsi que des autorités et techniciens des municipalités de Laruns, Barèges, Sers et Vall de Boí.
C'était une première visite aux quatre sites de la part de NGI depuis juin 2019, du fait de la pandémie. Cette visite avait pour but d'inspecter la mise en place des SfN dans chacun des quatre sites. Les SfN mises en œuvre visent à réduire les risques générés par les avalanches de neige, chutes de pierres et coulées de débris.
Premier jour de visite : site du Capet
Figure 1. Laurent Lespine du service RTM (ONF) à proximité d'un trépied de protection des plants d'arbres. © Anders Solheim, Octobre 2022.
Deuxième jour de visite : sites d’Artouste et Santa Elena
Les éboulements constituent un risque majeur à deux endroits particuliers le long de la route transfrontalière A-136 / RD-934, entre la France et l'Espagne. À Santa Elena (Commune de Biescas, Aragón, Espagne), les rochers sont libérés par l'érosion d'une pente dans un épais dépôt de till glaciaire. La solution fondée sur la nature mise en œuvre consiste à construire des terrasses avec des structures en bois, remplies de sol et sédiments locaux et finalement végétalisées (plants d'arbustes et d'arbres). Ces terrasses prennent place sur un mur de maçonnerie construit en pierres sèches d'une hauteur de 5 mètres. Chaque terrasse mesure environ 2 mètres de hauteur pour une profondeur de 1 à 2 mètres. La hauteur du talus est environ 30 mètres et une largeur à sa base de de 32 mètres se réduisant à 20 au niveau de la terrasse supérieure.
Figure 2. Pente morénique à Santa Elena. Travaux en cours sur la 7e terrasse de bois des 11 prévues avec à leur base le mur de soutènement construit en pierres sèches. © Anders Solheim, Octobre 2022.
Le deuxième site situé sur cette route est le site d'Artouste (commune de Laruns, Pyrénées-Atlantiques, France), particulièrement exposé au risque de chutes de blocs. Des pierres se détachent du versant et de diverses zones d'affleurement situées en amont et poursuivent leurs chutes le long des fortes pentes qui bordent la route. Les solutions pour cet endroit consistent à mettre en place des solutions actives pour soutenir ou fixer les blocs éventuellement instables et des solutions passives, essentiellement des barrières en bois capables de retenir des blocs qui pourraient se détacher.
Figure 3 Santiago Fábregas (GECT Pirineos - Pyrénées) montre un bloc rocheux détaché, marqué d'un drapeau qui indique le type de structure de protection à mettre en place. © Anders Solheim, Octobre 2022.
Dernier jour de visite :
Finalement, le quatrième site se trouve près du village d'Erill-la-Vall (Vall de Boí, Catalogne, Espagne) menacé par des coulées de débris provenant d'un dépôt de till de plus de 50 mètres d'épaisseur. Plusieurs ravins alimentent la voie principale d'écoulement des débris vers le village lors de précipitations extrêmes. La solution mise en place est une série de terrasses, construites avec les roches locales et gabions à base de rondins de bois, dans les parties inférieures des ravins. Ces terrasses empêcheront l'approfondissement de la base d'érosion et augmenteront la rugosité dans les couloirs de débris. Le site a été équipé et a fait l'objet d'une surveillance au cours des 15 dernières années. Les données des sondages montrent deux processus : un niveau de rupture profond (de 15 à 20 mètres de profondeur), qui réagit jusqu'à deux semaines après une période de fortes pluies, et une érosion peu profonde, qui réagit presque immédiatement, en réponse directe aux fortes précipitations. Les SfN mises en œuvre visent principalement à atténuer ce dernier processus.
Figure 4. Vue d'ensemble du site. Les structures mise en place par le projet PHUSICOS sont visibles dans les parties basses des deux ravins principaux. La forêt des deux côtés est naturelle. © Anders Solheim, Octobre 2022.
Conclusions :
En définitive, cette visite a permis de constater l’avancement de la mise en place des solutions fondées sur la nature de chacun des quatre sites pour faire face aux risques naturels présents. Les solutions, inspirées de la nature, mêlent parfois des infrastructures grises constituant ainsi des solutions mixtes où sont mises en valeur les ressources naturelles et socio-économiques locales. La majorité de ces solutions ne sont pas nouvelles : la construction de terrasses, la reforestation ont prouvé leur efficacité en d’autres lieux des Pyrénées et se voient revitalisées grâce au projet PHUSICOS, en les faisant connaître au grand public, en promouvant leur réplique et surtout en impliquant les acteurs du territoire tout au long de leur mise en place.
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