Le 23 novembre 2022, le séminaire final MONTCLIMA s'est tenu dans la cité administrative de Toulouse, suivi d'une visite de terrain du programme STePRIM : " Après 42 mois de travail acharné entre 9 partenaires de France, d'Espagne, d'Andorre et du Portugal, cet événement a été une excellente occasion de présenter fièrement les résultats finaux du projet, de rencontrer les partenaires du projet et d'échanger des connaissances avec les principaux acteurs et experts du domaine. Environ 70 personnes ont assisté au séminaire et ont participé à des échanges enrichissants et essentiels pour la continuité des actions de coopération visant à mieux gérer et prévenir les risques naturels dans les zones montagneuses du Sud-Ouest de l'Europe (SUDOE), qui sont susceptibles de s'accroître dans un contexte de changement climatique.
Le séminaire a débuté à 10 heures par un discours d'Eva Garcia, coordinatrice de l'OPCC, souhaitant la bienvenue aux participants qui ont rejoint le séminaire à distance et en personne, suivi d'une ouverture institutionnelle par Zoé MAHÉ, de l'Autorité nationale française du programme Interreg SUDOE, et Ibon MENDIBELZUA, du Secrétariat général de la CTP.
Le séminaire était divisé en 3 parties portant sur les principaux objectifs stratégiques du projet, la capitalisation des bonnes pratiques réussies, le test des stratégies à travers des parcelles de démonstration et le cadre stratégique pour la gestion des risques naturels dans les montagnes du SUDOE. Enfin, une table ronde a réuni 5 des principaux acteurs autour du thème du rôle de la coopération dans la gestion et la prévention des risques dans les zones de montagne transfrontalières. Juan Terrádez a conclu le séminaire en résumant les messages clés du séminaire, qui ont été complétés par des illustrations suggestives sur les questions clés de l'événement, conçues en temps réel par l'artiste Guillaume Lefevre (Punch Memory).
Ne vous inquiétez pas si vous n'avez pas pu vous joindre à nous pour ce séminaire, vous trouverez ci-dessous les résumés des présentations de nos orateurs invités !
La première partie de la journée a été une immersion complète dans le monde des informations existantes, des projets et des instruments techniques et juridiques innovants, en relation avec les outils de gestion des risques naturels dans les zones de montagne au niveau européen et SUDOE.
Le coordinateur du Copernicus Emergency Management System (CEMS), Peter SALAMON, a présenté en profondeur le CEMS développé pour la gestion et la prévention des risques naturels et climatiques majeurs en Europe, basé sur l'imagerie satellite, la télédétection et les modèles d'impact. Le CCRE fournit des informations clés pour l'ensemble du cycle de gestion des urgences, y compris la phase de gestion et de prévention (alerte précoce et prévisions météorologiques), ainsi que pour la phase de récupération après la catastrophe. Peter a mentionné le développement continu de nouveaux produits, tels que la cartographie détaillée de l'exposition aux risques, en interface avec les services d'urgence et la protection civile. En ce qui concerne le système d'alerte précoce et de surveillance, les systèmes CEMS fournissent des données de surveillance en temps réel sur ces risques (incendies, inondations, sécheresses) par le biais de divers systèmes (EFAS, EFIS, EDO, GloFAS, GFM, GDO).
Dans le cadre du 1er objectif stratégique de MONTCLIMA, Manuel FELICIANO de CIMO-IPB a décrit l'action de capitalisation. Il s'agissait d'analyser 72 bonnes pratiques en matière de gestion et de prévention des risques d'inondation, de sécheresse et d'incendie dans la zone de montagne SUDOE, recueillies à partir de l'analyse de divers projets et initiatives. Cette tâche a été complétée par la sélection de 27 bonnes pratiques en matière de gestion et de prévention des risques naturels, y compris les questions liées au changement climatique, à une perspective multirisque ou à la maximisation de la valeur ajoutée de la coopération transfrontalière : https://www.montclima.eu/en/best-practices.
Perrine VERMEERSCH, du CEREMA, a ensuite présenté le rapport MONTCLIMA sur l'état des instruments techniques et juridiques de gestion et de prévention des risques naturels et climatiques dans l'espace SUDOE. Le rapport vise à mieux comprendre les différents modes de gouvernance, les plans et les stratégies de chaque pays pour réduire les risques naturels et climatiques. A cette fin, chaque partenaire du projet a contribué par le biais d'un questionnaire sur les documents juridiques et techniques les plus pertinents pour la gestion des risques. Perrine a mis en avant l'une des initiatives innovantes de réduction des risques naturels mises en place dans les Pyrénées de Haute-Garonne : STePRIM (Stratégie Territoriale pour la Prévention des Risques en Montagne) qui est basée sur une approche participative, interrégionale et multirisque, avec une adaptation au changement climatique et une perspective de montagne.
Enfin, en quelques clics, toutes les informations cartographiques disponibles sur ces 4 risques dans les montagnes du SUDOE sont accessibles via le visualisateur de cartes MONTCLIMA présenté par Nacho CAMPANERO du CESEFOR. Cet outil rassemble plus de 200 jeux de données sur l'évolution passée, présente et future des quatre risques dans les zones de montagne de SUDOE, et présente des informations cartographiques sur les 7 cas pilotes MONTCLIMA. Des requêtes personnalisées sur l'évolution observée et prédite de ces risques peuvent être facilement effectuées sur ce visualiseur cartographique : https://www.montclima.eu/en/geoportal.
Après la séance de questions qui a conclu les présentations de la matinée, la DEUXIÈME PARTIE DU SÉMINAIRE a porté sur les tendances observées et les différentes stratégies testées dans les cas pilotes MONTCLIMA pour améliorer la résilience des territoires de montagne.
Tout d'abord, Maialen lTURBIDE de l'IFCA : CSIC-UC, a décrit l'atlas interactif du GIEC qui fournit des informations régionalisées sur l'évaluation des principales variables météoro-climatiques qui déclenchent couramment des événements naturels porteurs de risques. Maialen a mis en avant la section de synthèse régionale, qui analyse un sous-ensemble d'indices climatiques et présente le degré de confiance et la signification statistique des différentes tendances observées et projetées.
Par la suite, une série de cas pilotes MONTCLIMA a été présentée. Eduard PLA, du CREAF, a présenté le cas pilote de gestion forestière adaptative dans un point de gestion stratégique (PGE) en Catalogne, pour le contrôle des grands incendies de forêt. Le chercheur du CREAF a illustré l'ensemble des interventions de gestion forestière réalisées dans la forêt de chêne vert de ce PGE pour générer une barrière à la progression des grands incendies et renforcer la résilience du massif forestier face aux risques naturels et climatiques (sécheresse et incendies).
L'érosion est un autre des risques abordés par les cas pilotes MONTCLIMA. L'un des cas pilotes MONTCLIMA consistait à tester différentes stratégies de gestion des sols dans des parcelles de vignoble expérimentales dans la Rioja Alavesa. Plus précisément, Olatz UNAMUNZAGA de NEIKER est impliqué dans ce cas pilote, dont l'objectif principal était d'étudier le comportement de l'érosion hydrique du sol et la réponse du sol après l'utilisation d'une couverture végétale naturelle et d'un travail du sol conventionnel. L'expérience pilote a montré qu'une gestion conservatrice du sol au moyen d'une couverture expontanée du sol permet d'éviter la perte de sol de plus de 50 %, sans avoir d'impact négatif significatif sur la production. Olatz a souligné l'importance des résultats de ces études de cas pilotes pour valider les modèles, afin de mieux orienter la définition des politiques de conservation des sols.
Une autre stratégie testée par rapport aux phénomènes d'érosion a été appliquée dans le troisième cas pilote MONTCLIMA présenté par Etienne EBRARD de l'ONF-RTM. Il s'agissait de caractériser les phénomènes d'érosion suite à un important incendie de forêt sur la commune de Cerbère. Les premiers résultats montrent que les zones les plus touchées par l'incendie ont un ruissellement de surface significativement plus élevé et réagissent plus tôt même aux phénomènes de faibles précipitations. Etienne a souligné qu'après un incendie majeur, un contrôle efficace de l'érosion doit se concentrer sur la restauration du sol plutôt que sur la reforestation.
Dans le même contexte, Stéphane NOUGUIER, de l'ONF-RTM, a présenté le cas pilote MONTCLIMA sur l'évaluation des phénomènes d'érosion et de la dynamique sédimentaire dans un bassin de montagne méditerranéen, suite à la tempête extrême Gloria, en utilisant la technologie LIDAR (Light Detection and Ranging). En comparant les données LIDAR avant et après la tempête, il a été possible de caractériser et de quantifier (bien qu'avec des limites) les phénomènes d'érosion et de dépôt avec une résolution considérable (limite de 20/30 cm). Stéphane a conclu en affirmant que les événements extrêmes, bien que moins fréquents, ont un impact très important qui doit être pris en compte dans les stratégies de résilience.
D'autre part, un cas pilote MONTCLIMA a été présenté, qui consistait à utiliser des solutions basées sur la nature pour atténuer le problème des laves torrentielles en amont d'une usine d'eau potable en Andorre. Jordi DEU, de Salvagrina, a décrit la méthodologie appliquée en utilisant des digues dégradables dans les principaux ravins, la revégétalisation par ensemencement (Festuca eskia) et la fertilisation naturelle de la zone affectée par le passage du bétail, une stratégie qu'il a appelée "ovinoremédiation". La combinaison de mesures fondées sur la nature s'est avérée efficace pour réduire le risque d'érosion dans cette zone de montagne protégée.
Enfin, pour conclure cette série de stratégies innovantes testées à travers des cas pilotes, Didier FELTS du CEREMA a parlé d'une initiative de résilience menée à travers des ateliers participatifs dans la vallée du Valentin. Sur la base d'une caractérisation multirisque de la zone, toutes les principales parties prenantes ont été impliquées dans la définition et la hiérarchisation des mesures visant à améliorer la prévention et la gestion des risques naturels et climatiques. Didier a rappelé les mots clés de cette stratégie : mobilisation et co-création en faveur de la résilience du territoire, en tenant compte des leçons apprises et des connaissances partagées des acteurs clés.
LA TROISIÈME ET DERNIÈRE PARTIE DU SEMINAIRE a porté sur le cadre stratégique transnational développé à MONTCLIMA pour guider et gérer les risques naturels dans une perspective transnationale.
Comme exemple pratique de coopération transnationale, Celestino António MORAIS DE ALMEIDA, de l'IPCB, a mentionné le protocole de collaboration en matière de protection civile entre l'Espagne et le Portugal pour la gestion des incendies de forêt, en vigueur depuis 2019. Concrètement, ce protocole permet aux services de lutte contre les incendies du pays voisin d'opérer par simple information préalable et partage d'informations en temps réel. Celestino a attiré l'attention sur la continuité fondamentale des stratégies et des interventions communes en matière de gestion et de prévention des risques.
Un pilier très important du projet MONTCLIMA est le document stratégique de "référence" avec des recommandations stratégiques et opérationnelles pour améliorer la gestion et la prévention des risques naturels dans les zones de montagne de SUDOE. Sébastien CHAUVIN, de FORESPIR, a présenté une vue d'ensemble du document, qui est basé sur la capitalisation des informations techniques, juridiques et des meilleures pratiques existantes, et complété par les stratégies des cas pilotes MONTCLIMA eux-mêmes. En outre, ce document a été validé par des experts internationaux et recoupé avec les connaissances acquises dans une série de 4 séminaires transnationaux sur les différents thèmes clés.
Enfin, une TABLE RONDE très intéressante a réuni des acteurs de différents domaines pour échanger des connaissances et des stratégies, essentielles dans le monde de la coopération. Les principaux messages clés étaient les suivants :
- Froilán SEVILLA de la Junta de Castilla y León : Intégrer l'adaptation au changement climatique dans la gestion forestière par (1) la mise en œuvre de mesures de protection des peuplements, (2) l'amélioration du réseau de routes et de pistes forestières, (3) la garantie d'une bonne qualité des sols, (4) la prévention des incendies et des accidents pastoraux.
- Luís QUINTA-NOVA, du projet CLIMRisk : Il est nécessaire de promouvoir les mesures d'adaptation et de sensibiliser la population pour qu'elle participe. Le point essentiel est de communiquer la nécessité de réadapter les mesures d'adaptation de manière itérative au fur et à mesure que les conditions climatiques évoluent.
- Delphine MERCADIER-MOURE, du Commissaire de Massif, Pyrénees : Des projets stratégiques comme POCRISK (INTERREG POCTEFA 14-20), permettent de signer des conventions entre territoires (risques systémiques), avec des échanges de témoignages entre massifs pour parvenir à une meilleure coordination entre les politiques de risques et de changement climatique dans les Pyrénées.
- Philippe CHAPALET Chef du service des risques naturels, DREAL : L'enjeu est précisément d'aligner/définir des méthodologies communes qui facilitent la collaboration et le suivi de l'évolution des risques, et d'assurer la pérennité des dispositifs de gestion des risques en montagne.
- Cristian PONS, chef de la protection civile en Andorre : Il existe deux types de risques, les risques localisés (par exemple les avalanches) et les risques géologiques diffus/globaux. Des accords ont été signés entre Andorre et la France sur les risques d'avalanche et des projets transfrontaliers sont en cours. La communication en temps réel avec les services français sur la faisabilité est essentielle.
Enfin, la visite de terrain du 24 novembre a été l'occasion de mieux connaître le projet STePRIM, qui fait de cette zone la première zone de montagne des Pyrénées à disposer d'une stratégie multirisque pour la gestion et la prévention des risques naturels et climatiques. La journée s'est terminée par des visites sur le terrain des structures destinées à protéger cette région des chutes de pierres : filets à mailles ou à câbles, barrières et clôtures.
En guise de conclusion, il est important de noter le contexte d'urgence climatique reconfirmé par la communauté scientifique dans le sixième rapport du GIEC, qui constate l'augmentation progressive des événements climatiques extrêmes tels que les sécheresses, les vagues de chaleur et les pluies intenses dans tout le bassin méditerranéen. Les faits étant plus éloquents que les mots, MONTCLIMA a promu des actions de coopération et des stratégies innovantes testées pour être répliquées et adaptées dans d'autres zones de montagne, afin d'améliorer la résilience des territoires face aux risques naturels et climatiques.
Pour plus d'informations, n'hésitez pas à télécharger le rapport final des résultats du projet ici.
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