L'accélération actuelle du changement climatique a un effet particulièrement prononcé sur le massif pyrénéen, générant un déplacement altitudinal des étages climatiques, auquel la faune et la flore doivent s'adapter. Ce projet étudie les effets du changement climatique sur l'écologie des lézards endémiques et menacés des sommets pyrénéens (Iberolacerta bonnali, I. Aurelioi et I. aranica). En plus de l'augmentation des températures moyennes et extrêmes, ce lézard des Alpes a récemment été soumis à la concurrence interspécifique d'un colonisateur montagnard venant des plaines, le lézard des murailles (Podarcis muralis). Ce dernier monte en altitude en raison du changement climatique et s'observe de plus en plus régulièrement entre 1 600 et 2 200 mètres, altitude à laquelle il entre en contact avec les trois espèces d'Iberolacerta. La concurrence pour la nourriture, les territoires et les zones de nidification ne peut être exclue.
L'étude permettra de comprendre comment et jusqu’à quel point ces lézards sont adaptés et restreints à leur environnement, caractérisé par une haute altitude (faible disponibilité en oxygène de l'air et froid relatif), notamment dans un contexte de réchauffement climatique. Cela obligera ces animaux (1) à monter vers les sommets, (2) à subir une augmentation de la température et, enfin, (3) à affronter une espèce colonisatrice, thermophile et concurrente potentielle : le lézard des murailles Podarcis muralis.
La compréhension de cette dynamique permet d'appliquer des mesures de conservation efficaces : relocalisation des populations, limitation des nouvelles constructions dans des endroits sensibles et fourniture de matériaux de construction aux lézards des murailles.
L'objectif de ce projet est (1) de poursuivre la collecte de données de présence/absence pour chaque espèce le long de transects altitudinaux et (2) de mesurer les effets combinés de la température et de l'hypoxie en altitude sur la physiologie des lézards et de leurs œufs dans un climat chaud.
Le lézard des murailles est une espèce opportuniste, thermophile et circumméditerranéenne qui se déplace vers des altitudes plus élevées à mesure que le climat se réchauffe. Il est couramment observé au-dessus de 1 500 mètres et occasionnellement jusqu'à 2 000 mètres, où il entre en contact avec des populations de lézards des Pyrénées. Localement, la remontée en altitude de Podarcis muralis est rapide, avec une diminution concomitante du nombre d'Iberolacerta locaux (Matthieu Berroneau, communication personnelle). Cependant, les recherches ont montré les effets nocifs de l'hypoxie d'altitude sur l'embryon, le jeune et l'adulte du lézard des murailles, ce qui pourrait probablement ralentir légèrement la colonisation altitudinale.
Enfin, il apparaît que les lézards des Pyrénées sont désavantagés à plus basse altitude (plus grande disponibilité en oxygène), ce qui pourrait limiter les perspectives de gestion des populations ailleurs.
Le cas est principalement développé et mis en œuvre en fonction d'objectifs d'autres politiques, sans rapport avec l’adaptation, mais avec une prise en compte significative des aspects de l'adaptation au changement climatique.
CNRS SETE en Moulis, OMP (Observatoire Midi-Pyrénées), Pic du Midi.
Les partenaires qui ont historiquement participé à ce projet sont Nature en Occitanie, Bomosa (Andorre), CRARC (Espagne), Cistude Nature, CNRS SETE à Moulis, CNRS MARBEC à Sète, OMP Pic du midi.
Tous travaillent à la poursuite de l'échantillonnage présence-absence dans le massif. Les deux organismes du CNRS et du CRARC réalisent les analyses et les expérimentations scientifiques.
Cette étude est complexe à réaliser en raison de la nature du terrain et du peu de fenêtres météorologiques qui permettent l'échantillonnage et la capture en haute montagne.
D’autre part, la communauté scientifique est très réceptive à ces questions actuelles, ce qui facilite la diffusion rapide de l'information.
De même, la sensibilisation des écoliers et des usagers de la montagne (randonneurs notamment) à la problématique des lézards endémiques des Pyrénées menacés par le changement climatique est forte et la communication dans les écoles ou via le Pic du Midi est très efficace pour sensibiliser la population.
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Le financement de cette étude provient principalement d'une bourse de recherche Marie-Curie Sklodowska de 185 076 € et a permis 24 mois de salaire pour un post-doctorant (Eric Gangloff).
Ce projet fait partie de l'appel à projets H2020-MSCA-IF-2016 (bourses individuelles Marie Skłodowska-Curie).
06/01/2017 - 12/01/2022 (5 ans - en course de réalisation)
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