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La communauté scientifique et institutionnelle liée à l’OPCC alerte sur la « situation critique » des Pyrénées et appelle à agir après « un été dévastateur ».

  • 12 Nov
  • Le projet LIFE Pyrenees4Clima présente son premier monographique contenant 16 recommandations pour activer la prévention et la réponse aux conséquences du changement climatique, telles que les méga-incendies et les phénomènes naturels défavorables dans les Pyrénées.

  • Parmi les recommandations, il est proposé de restaurer le paysage en mosaïque dans les zones les plus critiques en encourageant l’élevage extensif, de modifier les aides au secteur primaire et de créer un protocole pyrénéen pour les urgences forestières.

  • Les 46 entités représentées dans ce programme européen, dirigé par l’Observatoire pyrénéen du changement climatique, avertissent que les modèles prévoient une augmentation du risque météorologique d’incendies, qui seront plus longs et pourraient provoquer des tempêtes de feu.

  • LIFE Pyrenees4Clima met ses connaissances scientifiques à la disposition de l’administration, des institutions et des citoyens et les invite à se joindre à une réponse collective dans le cadre d’une coopération transfrontalière face à l’urgence climatique.


Toulouse, le 12 novembre 2025.



Le massif pyrénéen traverse une « phase critique » et il est urgent d’identifier les risques et d’agir pour minimiser l’impact des événements hydroclimatiques extrêmes qui ont déjà des répercussions sur le territoire et sur la vie des personnes qui y vivent. C’est ce qu’indique l’avis technique présenté ce matin à Toulouse par le projet LIFE-SIP Pyrenees4Clima, composé de 46 entités partenaires et dirigé par l’Observatoire pyrénéen du changement climatique (OPCC).

Dans ce document, les principales entités scientifiques et administratives de Catalogne, d’Aragon, de Navarre, du Pays basque, de Nouvelle-Aquitaine, d’Occitanie et d’Andorre, spécialisées dans le domaine des risques, lancent un appel urgent pour accélérer l’action climatique dans les zones de montagne face aux risques croissants et présentent 16 recommandations pour activer la prévention et préparer le territoire aux méga-incendies et aux phénomènes naturels défavorables.

La liste, détaillée à la fin du communiqué de presse, comprend des mesures aussi diverses que le maintien du paysage agro-sylvopastoral en mosaïque en raison de l’abandon et du manque de relève générationnelle (diversification des utilisations des sols), la relance de l’agriculture et de l’élevage extensifs à l’échelle régionale, ou la modification des aides et des paiements accordés au secteur primaire, en liant ces paiements au nombre de têtes ou d’hectares.

Elle propose également l’élaboration de protocoles d’urgence forestière et de sécurité et de lutte contre la pyroconvection (phénomène météorologique extrême qui se produit lorsque les colonnes d’air chaud intenses générées par un incendie de forêt ou une éruption volcanique créent des nuages d’orage).


Mettre les connaissances et l’expérience au service de la société

L’avis technique alerte sur le fait que les Pyrénées se réchauffent 30 % plus vite que la moyenne mondiale, avec une augmentation de 1,9 °C depuis 1960, et que les effets sont déjà visibles dans la prolifération des macro-incendies et des sécheresses extrêmes.

Ces facteurs climatiques sont exacerbés par l’exode rural, qui réduit à son tour la capacité de réponse du territoire.

Les recommandations spécifiques s’appuient sur l’expérience de projets antérieurs et sur la réflexion des 46 partenaires du projet européen LIFE-SIP Pyrenees4Clima, et plus particulièrement sur les expériences menées sur le terrain depuis 2024 à travers 33 cas pilotes de démonstration.

L’avis a également pour objectif de mettre à la disposition du territoire ses connaissances scientifiques et son expérience.

Les 23 signataires de l’« Avis sur les risques climatiques naturels dans les Pyrénées » décrivent l’été 2025 dans la péninsule Ibérique et le sud-est de la France comme « dévastateur », avec deux vagues de chaleur consécutives qui ont battu des records et déclenché des incendies d’une ampleur sans précédent, rendant urgente la prise de mesures préventives.

Selon les données du système européen EFFIS/Copernicus, le feu a ravagé plus d’un million d’hectares dans l’Union européenne, dont 400 000 en Espagne, soit 40 % du total européen.

Ces nouveaux incendies, appelés de sixième génération, sont « autonomes et convectifs », capables de générer leurs propres tempêtes et de modifier les conditions atmosphériques.

« Ils sont pratiquement impossibles à arrêter », indique le rapport.

En outre, il avertit que les modèles climatiques prévoient une augmentation du risque météorologique d’incendies dans l’espace pyrénéen transfrontalier, que ceux-ci seront plus longs et qu’ils généreront des tempêtes de feu.


Abandon rural et changement climatique, les deux faces d’une même médaille

Face à ce scénario, le rapport préconise une transformation structurelle du paysage afin de réduire les risques et de renforcer la résilience du massif.

Il propose de rétablir les mosaïques agro-sylvicoles-pastorales, de relancer l’élevage extensif et d’adapter la gestion forestière.

Il demande également que le travail des bergers, des sylviculteurs et des brigades rurales soit reconnu professionnellement et intégré à la stratégie de prévention.

« L’exode rural et le changement climatique sont les deux faces d’un même problème. Là où il y avait auparavant une gestion, il y a maintenant du combustible », indique le texte.

Le document réclame également une véritable coordination transfrontalière en cas d’urgence et de gestion des zones à haut risque, avec la création d’un protocole pyrénéen sur les incendies de forêt qui unifie la réponse entre l’Espagne, la France et l’Andorre, et une plateforme commune de données climatiques en temps réel pour anticiper les vagues de chaleur, les sécheresses et les phénomènes extrêmes.

Dans le même ordre d’idées, il propose d’adapter les calendriers de surveillance et d’extinction aux nouvelles saisons à risque.

Parallèlement, il préconise l’application de solutions fondées sur la nature (NBS) pour restaurer les sols dégradés et réduire le ruissellement et l’érosion après les incendies.

Ces mesures, soulignent les auteurs, ne sont pas théoriques : ce sont des actions immédiates, viables et nécessaires.


Faible perception sociale du risque

Le rapport insiste sur le fait que le changement climatique ne peut être abordé de manière isolée.

L’abandon des activités agro-pastorales traditionnelles, associé à l’absence de gestion forestière, a généré une continuité végétale qui multiplie le risque d’incendies et accentue leurs effets négatifs.

À cela s’ajoute la faible perception sociale du risque : entre 80 % et 95 % des incendies dans la région pyrénéenne et pré-pyrénéenne sont d’origine humaine, la plupart causés par des brûlis agricoles non autorisés, des conflits d’utilisation ou des négligences.

La communauté scientifique, universitaire et institutionnelle demande de renforcer l’éducation environnementale, la formation technique et la création de réseaux de bénévoles forestiers et locaux.

Le projet LIFE-SIP Pyrenees4Clima, cofinancé par l’Union européenne, développe la Stratégie pyrénéenne sur le changement climatique (EPiCC), adoptée par la Catalogne, l’Aragon, la Navarre, le Pays basque, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et l’Andorre, et soutient que seule une gouvernance à plusieurs niveaux, capable de relier la science, le territoire et les citoyens, pourra garantir la sécurité et l’habitabilité des montagnes.

« L’urgence climatique ne connaît pas de frontières. Seules une coopération transfrontalière, une gouvernance locale active et un financement stable permettront de garantir un avenir viable dans les Pyrénées », conclut le document, qui cite les paroles de Marie Curie en guise de message final :

« Rien dans la vie ne doit être craint, seulement compris. Il est temps maintenant de mieux comprendre, pour moins craindre. »


Les 16 recommandations spécifiques contenues dans l’avis sur les risques climatiques naturels dans les Pyrénées sont les suivantes :

  1. Donner la priorité à la structure du paysage en mosaïque.

  2. Relancer et garantir l’utilisation extensive de l’agriculture et de l’élevage à l’échelle régionale.

  3. Promouvoir des changements dans l’octroi d’aides et de paiements au secteur primaire, tant dans le cadre de la PAC que des ressources nationales et régionales.

  4. Mettre en œuvre un « Protocole pyrénéen d’urgence forestière », avec interopérabilité des données météorologiques, de la cartographie et de la communication de crise.

  5. Développer des protocoles spécifiques de sécurité et de lutte contre la pyroconvection à caractère transfrontalier et interadministratif.

  6. Donner la priorité à la formation des professionnels et des bénévoles au niveau local ou supra-communal.

  7. Maintenir un système d’alerte précoce dans les Pyrénées avec des données à haute résolution et validées localement.

  8. Adapter les calendriers de surveillance et d’extinction aux nouvelles saisons à risque.

  9. Établir des plans de gestion forestière intégrés à l’échelle du paysage, avec des critères communs transfrontaliers et la participation active des propriétaires et des acteurs locaux.

  10. Créer des plans municipaux d’autoprotection multirisques.

  11. Favoriser l’utilisation du bétail extensif dans l’entretien des infrastructures de protection contre les incendies.

  12. Mettre en œuvre des projets pilotes avec des troupeaux communaux, de quartier et des systèmes mixtes.

  13. Appliquer des solutions fondées sur la nature (NBS) et promouvoir le rôle protecteur des nouvelles plantations.

  14. Mettre en œuvre des programmes officiels de formation réglementée et d’éducation environnementale permanente.

  15. Mettre en place une gouvernance à plusieurs niveaux à l’échelle locale, régionale et pyrénéenne.

  16. Mettre en place un système d’apprentissage basé sur le partage d’expériences post-événements.


À propos du projet LIFE Pyrenees4Clima

Le projet LIFE-SIP Pyrenees4Clima, coordonné par l’Observatoire pyrénéen du changement climatique (OPCC-CTP), rassemble 46 entités scientifiques, techniques et administratives des trois pays pyrénéens.

Sa mission : renforcer la résilience du massif face au changement climatique par la coopération, la connaissance et l’action commune.

Pour plus d’informations sur le projet LIFE-SIP Pyrenees4Clima, veuillez consulter le lien suivant : ici.

Auteurs de l’avis :

Arias, Ander - NEIKER ; Alberto Bernués - CITA ; Canals, Rosa Mª - UPNA ; Chauvin, Sebastian - FORESPIR ; Douette, Michaël - CBNPMP ; Fábregas, Santiago - AECT Pirineos-Pyrénées ; Felts, Didier - CEREMA ; Fichot, Sarah - ACAP ; García-Balaguer, Eva - OPCC-CTP ; Esther Guiza - OPCC-CTP ; Maitia, Joël - ADP ; Nadal, Estela - IPE-CSIC ; Papuchon, Julianne - ACAP ; Pascual, Diana - CREAF ; Pla, Eduard - CREAF ; Sanz, Mª José - BC3 ; Soubeyroux, Jean-Michel - METEO-France ; Terrádez, Juan - OPCC-CTP ; Trapero, Laura - Andorra Recerca + Innovació ; Travesset Baró, Oriol - UPC ; Valero-Garcés, Blas - IPE-CSIC ; Vicente, Sergio - IPE-CSIC ; SEO Birdlife.

Veuillez consulter l'avis complet ici.

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